PARIS – Le président français Emmanuel Macron a défendu la poursuite de ses efforts diplomatiques et de ses appels téléphoniques au président russe Vladimir Poutine à la suite de l’invasion de l’Ukraine, qualifiant les critiques à son égard de « moralité erronée ».
S’adressant aux ambassadeurs français réunis au palais de l’Élysée jeudi, Macron a remis en question la décision des capitales occidentales de fermer les lignes de communication avec le Kremlin.
« Le travail d’un diplomate est de parler à tout le monde et en particulier aux personnes avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord », a-t-il déclaré lors de son discours annuel sur la politique étrangère. « Qui veut que la Turquie soit la seule puissance mondiale qui parle à la Russie ? (…) Nous ne devons céder à aucune forme de moralité erronée qui chercherait à nous affaiblir. »
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan, qui entretient une relation difficile avec Macron, a cherché à se poser en médiateur sur la guerre en Ukraine, rencontrant à la fois Poutine et le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy.
Macron est resté fidèle à ses efforts diplomatiques avec la Russie et s’est entretenu avec le président russe le 19 août, après une période de silence. La conversation a porté sur la sécurité à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia.
Les efforts du président français ont été critiqués par les alliés de l’OTAN, en particulier en Europe de l’Est, qui ont mis en doute l’utilité de ses conversations avec Poutine. Les commentaires de Macron selon lesquels la Russie « ne doit pas être humiliée » pour préparer une future rampe de sortie diplomatique ont également suscité une vague de condamnations et ont fait naître des soupçons quant à sa volonté de faire des concessions à la Russie. L’Élysée a démenti à plusieurs reprises de telles affirmations.
Lors de son discours de jeudi, Macron a fustigé l’invasion de l’Ukraine par la Russie comme une guerre « impérialiste » et a insisté sur le fait qu' »on ne peut pas laisser la Russie gagner la guerre. »
« Nous voulons travailler soit à une victoire de l’Ukraine, soit à une paix négociée obtenue dans des conditions acceptables pour l’Ukraine », a-t-il déclaré.
L’un des principaux fils conducteurs du vaste discours de Macron sur les affaires étrangères devant les ambassadeurs était que le monde risquait de plus en plus de se diviser en différents blocs après l’invasion de l’Ukraine par la Russie et dans un contexte de tensions croissantes entre Washington et Pékin.
« Nous n’avons jamais été dépendants d’une quelconque puissance mondiale. Nous avons toujours gardé notre indépendance. Mais maintenant, allons-nous être obligés de choisir ? » a-t-il demandé.
Macron a plaidé en faveur du maintien de l' »indépendance » française et européenne dans la confrontation entre les États-Unis et la Chine, afin de poursuivre les discussions sur le changement climatique et les questions régionales.
« [L’indépendance] ne signifie pas l’égalité de traitement. Les États-Unis sont nos alliés. Mais nous ne voulons pas dépendre d’eux », a-t-il déclaré.
Il a également mis en garde contre le fait de laisser des divisions émerger entre les membres de l’UE face à l’agression russe et dans un contexte où la crise énergétique et l’inflation croissante pourraient conduire à des divisions.
« Nous ne devons pas laisser l’Europe être divisée par cette guerre. L’unité européenne est essentielle. La division de l’Europe était l’un des objectifs de la Russie dans cette guerre », a-t-il déclaré.